C'est la guerre
de
Louis Calaferte
BOF: interjection exprimant l'indifférence. Je me souviens
aussi de titres de magazines parlant de la BOF génération
dans les années 70...Mais dans les années 40, sous
l'occupation, ces trois lettres ont une toute autre signification:
Beurre, Oeufs, Fromage ; les épiciers, les crémiers
qui s'enrichissent au marché noir.
Dans ce livre ,Louis Calaferte nous retrace l'histoire de ces
années noires depuis la déclaration de guerre en
septembre 1939- "Il est cinq heures d'un après-midi
de septembre tiède et gris. Le tocsin sonne. On arrête
de jouer."- jusqu'à la libération- "On
tond des femmes partout"
Un récit au présent, Calaferte nous montre le film
de son vécu. Il a onze ans lorsque la guerre commence,
il voit, il entend ; sa vision change, il devient adolescent,
plus lucide des évènements...
Un film; l'écriture de Calaferte a la puissance évocatrice
de l'image, des phrases coup de poing, des descriptions diapositives,
des mots justes, sensibles, terribles... Des passages magnifiques,
bouleversant comme cette réquisition des chevaux pour
l'armée . Vous n'oublierez pas non plus son récit
de l'exode, la débandade incroyable, les pleurs, les cris,
le désespoir, l e désordre, la peur, la panique...
Enfin Louis Calaferte nous rappelle quelques réalités:
"Tous les matins à l'école c'est le salut
au drapeau. On est au garde à vous. On chante Maréchal
nous voilà"
"Depuis qu'on sait que les américains arrivent, tout
le monde a été résistant.Tout le monde a
connu un juif. Un juif qu'on aimait bien. Un juif à qui
on a rendu service. Un bon juif."
Un livre incontournable. |