de Andreï Makine

Ce livre est essentiellement la quête d'une identité, de son identité, entre une grand-mère française qui brasse à son petit-fils une image de la France en opposition avec sa vie dans cette Sibérie, cette immersion dans cette profonde Russie.
Le mystère du mal est aussi évoqué à travers les souffrances et les horreurs de la guerre et ses conséquences chez les rescapés; également chez le petit-fils quand il perçoit une certaine connivence avec ce mal.
Le passage de l'enfance à l'adolescence est finement analysé, la découverte de la sexualité, la complexité du monde. Toute son enfance a été imprégné d'histoire, d'odeurs françaises. A l'adolescence il va jusqu'à refouler refuser ce passé évoqué pour se vouloir Russe, " pris dans la masse ", " comme si ma greffe française ne semblait plus exister ", " comme si j'avais réussi à étouffer ce second cœeur dans ma poitrine "
Pendant son dernier été en Sibérie avec Charlotte, cette grand-mère, il se réveille un jour " avec le sentiment d'être enfin moi-même ", " Je n'avais plus à me débattre entre mes identités russes et françaises ; je m'acceptai "

Je me suis laissée imprégner de cet " air " français du début du siècle, écoutant Charlotte parler de sa vie de jeunesse à ses petits-enfants, la suivant dans son long périple à travers la Russie, la Sibérie, découvrant avec elle un autre monde, une autre culture, le collectivisme de l'URSS.
J'ai beaucoup aimé cette femme tendre, sensible, sa relation affectueuse avec son petit-fils qu'elle comprend même lorsqu'elle sent la révolte de son adolescence, ce désir qu'il a de fuir ses racines françaises pour se sentir exister aux yeux de ses camarades.
L'écriture de cet ouvrage m'a séduite par sa clarté et par la fine analyse des êtres rencontrés (caractère, comportement, sentiments). J'ai aimé cette Sibérie âpre et lointaine, la mélancolie de ces forêts de bouleaux .