Voyage à motocyclette

de Che Guevara

 

" Dale agua" voilà comment on saluait le Che lors de son voyage à travers l'Amérique du Sud....Vous imaginez peut être que c'est un appel à la révolution...je traduis donc : "dale agua: tu vas aux fraises" car le Che portait souvent un pantalon trop court ! 
Dans ces souvenirs de son voyage qui le mènera d'Argentine au Venezuela en passant par le Chili, le Pérou, la Colombie ne vous attendez pas à lire un texte exalté, un ode à la révolution...non mais vous allez rire avec deux jeunes aventuriers, deux fous rêveurs qui tracent leur route au jour le jour...Argentine puis Chili...
Des joyeux drilles le Che et son compagnon Alberto Granado, des fêtards qui ne crachent pas sur le vin surtout quand il est chilien ...
"Le vin chilien est excellent. J'en buvais à une quantité extraordinaire, ce qui m'amenait sur le chemin du bal populaire à me sentir capable des plus grands exploits"
  S'en suit une scène digne de Bukowski...
Les repas chiliens sont dangereux "ces repas assortis de mangez un peu de fromage, un petit bout de pain , prenez encore un peu de vin...et on se relève à l'aide de toute la musculature auxiliaire du thorax..."
Les deux compères sont partis en moto mais la Poderosa les lâche au Chili et ils deviennent des "vagabonds non motorisés"
Des vagabonds qui fantasment sur l'île de Pâques !
"Là-bas avoir un fiancé blanc, c'est un honneur pour elle . Là-bas, travailler c'et sans espoir, les femmes font tout : on mange, on dort, et on les rend heureuses...."

Mais le Che au détour d'une page vous émeut avec cette rencontre d'une vielle dame pauvre, malade dans les derniers moments de sa vie...."C'est là, dans les derniers moments de ces gens dont l'horizon le plus lointain a toujours été limité au lendemain, que l'on se rend compte de la profonde tragédie vécue par le prolétariat du monde entier....jusqu'à quand durera cet ordre des choses....Mais l'heure a sonné pour les gouvernements .....de consacrer plus d'argent à financer des œuvres d'utilité sociales."
Ces carnets datent de 1951- 1952...

Alberto Granado et le Che poursuivent leur voyage, le Pérou puis la Colombie et le Venezuela. Le Che continuer jusqu'à Miami et rentrera à Buenos Aires en septembre 1952.

Plus le temps passe et plus le récit du Che s'aiguise  ; de l'analyse politique sur le Chili ou la Colombie  au regard sur la misère des Indiens ou sur l'exploitation des travailleurs dans les mines ou encore sur les léproseries au Pérou.
Le regard du Che change , évolue donc mais l'humour reste comme dans cette scène du "numéro de l'anniversaire."

Le livre finit par une lettre de Colombie à sa mère et par une annotation en marge où le Che après une rencontre avec un homme ayant fui l'Europe lui parle de Révolution et c'est pour le Che une révélation et sur cette rencontre j'aimerais en savoir plus , j'ai eu l'impression à sa lecture d'une allégorie plus que d'une véritable rencontre.

J'ai lu ce livre avec un regard particulier, mon fils est actuellement en Argentine, il découvre aussi l'Amérique Latine avec un ami, tous les deux sont passionnés de foot comme le Che (eh oui le Che est argentin donc il joue au foot..) et les lettres qu'ils m'envoient font écho à ce voyage à motocyclette, les Indiens ont toujours ce fatalisme, "certains donnent l'impression de vivre parce que c'est une habitude dont ils ne peuvent pas se débarrasser", les Nord -Américains sont toujours là avec leur appareil photo, leur chemise de sport, "correspondant d'un autre monde" , les routes toujours aussi abruptes et dangereuses, les slogans toujours présents sur les murs au Chili :
1952  "pourquoi vous plaignez -vous des soins si vous ne contribuez pas à l'entretien de cet hôpital"
2008 "la meilleure médecine est la connaissance, il n'y a pas d'effort inutile..." sauf que maintenant les slogans s'affichent aussi sur les boîtes de pâtes !
Partout des rencontres, des gens accueillants.
 

Vous rirez donc, vous boirez de mate avec lui mais vous admirerez le courage du Che, sa volonté, vous respirerez douloureusement avec lui (il était asthmatique) et vous partagerez sa révolte.

Je vais maintenant chercher le film de Walter Salles , j'espère retrouver cette humour et ce regard particulier et toujours actuel sur l'Amérique Latine.

 


 


 

 

 

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